Explication de ce qui se passe
Le choking under pressure est un phénomène fréquent chez les sportifs, artistes ou toute personne soumise à une situation de haute pression, comme un match important, un examen ou une prestation publique. Le « choking » est défini comme « une diminution de la performance dans des situations de pression » (Baumeister, 1984, p. 610)¹. Ce phénomène peut paraître paradoxal, car la pression devrait en théorie pousser à donner le meilleur de soi-même, mais elle provoque chez certains une perte de maîtrise, un blocage mental et une baisse des performances.
Pourquoi le choking est-il un frein à la performance ?
Le phénomène de choking survient lorsque l’individu devient trop conscient de ses gestes et de ses pensées, ce qui perturbe l’automatisme nécessaire à la réussite. Cette « hyperconscience » de l’action, telle que décrite par Baumeister (1984)¹, entraîne une surcharge cognitive qui interfère avec les mécanismes naturels et fluides de la performance.
Plusieurs hypothèses théoriques expliquent ce phénomène :
- Les hypothèses du contrôle du geste explicite (Beilock & Carr, 2001)² affirment que cette augmentation de la conscience du geste perturbe l’automaticité responsable d’une performance optimale. La personne tend à se concentrer de façon excessive sur elle-même, tentant de contrôler consciemment les aspects de ses actions. Ce réinvestissement des connaissances explicites perturbe l’automaticité qui définit généralement les performances de haut niveau.
- Les théories sur la distraction (Wine, 1971)³ suggèrent que la pression crée un environnement distrayant qui empêche la concentration exclusive sur la tâche. Cette théorie repose sur l’idée que les ressources attentionnelles sont détournées vers des informations non pertinentes, comme les préoccupations liées aux conséquences de la situation de haute pression. L’anxiété générée par cette pression surcharge la mémoire de travail (Sarason, 1988)⁴, créant une situation de double tâche où les pensées anxieuses concurrencent le traitement des informations nécessaires à l’exécution des habiletés, ce qui détériore les performances.
Cette pression intense génère également un stress psychologique et physique important, qui peut se manifester par des symptômes comme des tremblements, une respiration saccadée, une diminution de la concentration et une perte de confiance en soi. Si ce mécanisme n’est pas maîtrisé, il instaure un cercle vicieux où la peur de l’échec augmente, ce qui accentue le blocage et la chute des performances.
Les effets positifs d’une bonne gestion de la pression
Savoir gérer la pression ne signifie pas éliminer totalement le stress, mais apprendre à canaliser ces ressentis pour qu’ils deviennent un moteur positif. Une pression modérée peut en effet stimuler l’attention, la motivation et la vigilance, éléments essentiels à la réussite.
Techniques pour limiter le choking sous pression
Plusieurs approches peuvent aider à éviter ce blocage :
- Apprendre à lâcher prise : pratiquer des exercices de relaxation et de respiration pour calmer le système nerveux.
- Développer la confiance en soi : renforcer les croyances positives sur ses capacités à réussir.
- S’entraîner en conditions réelles : simuler des situations de pression pour habituer le cerveau à gérer le stress.
- Concentration sur le processus, pas sur le résultat : focaliser son attention sur les actions à réaliser plutôt que sur la peur de l’échec.
- Accompagnement professionnel : bénéficier du soutien d’un préparateur mental ou psychologue pour individualiser les stratégies.
Conclusion
Le choking under pressure est un phénomène complexe mais bien identifié qui peut sérieusement nuire à la performance dans des moments cruciaux. En développant des compétences de gestion de la pression et un accompagnement adapté, il est possible de maintenir un haut niveau de performance même dans les situations les plus stressantes.
Citations scientifiques
¹ Baumeister, R. F. (1984). Choking under pressure: Self-consciousness and paradoxical effects of incentives on skillful performance. Journal of Personality and Social Psychology, 46(3), 610-620.
² Beilock, S. L., & Carr, T. H. (2001). On the fragility of skilled performance: What governs choking under pressure? Journal of Experimental Psychology: General, 130(4), 701-725.
³ Wine, J. (1971). Test anxiety and direction of attention. Psychological Bulletin, 76(2), 92–104.
⁴ Sarason, I. G. (1988). Anxiety, self-preoccupation and attention. Anxiety Research, 1(1), 3-7.
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